Pourquoi le beurre est salé en Bretagne ?

Pain frais, crêpes chaudes, caramel fondant : en Bretagne, le beurre salé est partout. Doré, onctueux, avec ses cristaux de sel qui craquent sous la dent, il est devenu un emblème régional. Mais pourquoi les Bretons ont-ils choisi de saler leur beurre, quand le reste de la France l’aime doux ? La réponse remonte à plusieurs siècles, entre histoire fiscale, conservation et traditions paysannes.

Tout commence au Moyen Âge. À cette époque, le sel est un produit précieux, fortement taxé par la gabelle, un impôt instauré dès le XIVe siècle sous Philippe VI. Mais voilà : la Bretagne, alors duché indépendant, n’est pas soumise à cette taxe. Le sel y est donc abondant, bon marché… et utilisé sans retenue, notamment pour conserver les aliments, dont le beurre.

Salé, le beurre se garde plus longtemps, ce qui est un atout majeur à une époque sans réfrigérateur. Dans les campagnes bretonnes, on le prépare en grande quantité, puis on y ajoute du gros sel marin local, souvent issu des marais salants de Guérande. Le goût devient une habitude, une signature, et finit par s’ancrer dans la culture gastronomique régionale.

Même après la Révolution française et l’abolition des privilèges fiscaux, les Bretons gardent le goût du beurre salé. Il devient un symbole d’identité régionale, au même titre que la langue bretonne ou le kouign-amann. Dans d’autres régions, où le sel est resté longtemps cher, le beurre doux s’est imposé par défaut.

Aujourd’hui encore, la France reste divisée : au nord-ouest, le beurre salé règne en maître, tandis que le reste du pays penche plutôt pour le doux. Mais dans les cuisines de grands chefs comme dans les boulangeries artisanales, le beurre salé breton continue de séduire. En tartine, en pâtisserie ou simplement à la petite cuillère, il raconte à sa manière l’histoire d’un territoire, entre goût, terroir et mémoire.

Why is butter salted in Brittany?

Fresh bread, warm crêpes, melting caramel: in Brittany, salted butter is everywhere. Golden, creamy, with its salt crystals that crunch under the bite, it has become a regional emblem. But why did the Bretons choose to salt their butter, when the rest of France prefers it mild? The answer goes back centuries, combining tax history, conservation, and farming traditions.

It all began in the Middle Ages. At that time, salt was a precious commodity, heavily taxed by the gabelle, a tax introduced in the 14th century under Philip VI. But Brittany, then an independent duchy, was not subject to this tax. Salt was therefore abundant, cheap... and used without restraint, particularly to preserve food, including butter.

Salted butter keeps longer, which is a major advantage in an age without refrigerators. In rural Brittany, it is prepared in large quantities, then local coarse sea salt, often from the Guérande salt marshes, is added. The taste becomes a habit, a signature, and eventually becomes ingrained in the regional gastronomic culture.

Even after the French Revolution and the abolition of tax privileges, the Bretons retained their taste for salted butter. It became a symbol of regional identity, just like the Breton language or kouign-amann. In other regions, where salt remained expensive for a long time, unsalted butter became the preferred choice.

Even today, France remains divided: in the northwest, salted butter reigns supreme, while the rest of the country leans more towards sweet butter. But in the kitchens of great chefs and artisan bakeries alike, Breton salted butter continues to seduce. On toast, in pastries, or simply by the spoonful, it tells the story of a region in its own way, combining taste, terroir, and memory.


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